La province des Banwa fait partie des dix (10) provinces prioritaires en matière de scolarisation des filles. Les filles qui ont la chance d'être scolarisées rencontrent d'énormes difficultés dans leurs cursus scolaire, elles achèvement difficilement le cap du primaire. La plupart d'entre elles sont sexuellement et moralement harcelées voire abusivement enceintées. Parmi le lot de problèmes que vivent ces jeunes filles, il y a le mariage forcé et précoces et les pesanteurs socio-culturelles qui relèguent la femme au second rang de l'échelle sociale (ses capacités intellectuelles sont sous-estimées au point qu'on pense que sa place ne se trouve que dans le foyer). Nombreuses sont les filles qui sont contraintes d'abandonner les classes pour rejoindre leurs maris. D'autres, pour échapper à la pression des parents, fuient le village pour la ville à la recherche d'un mieux être. Trop souvent, elles reviennent au bercail avec des grossesses non désirées ou des enfants sans pères.
Le Réseau des Éducateurs en Droits Humains (REDH) a été institué dans le cadre du Projet éducation aux droits humains en Afrique (PEDHA). Il est réalisé grâce au soutien financier de
Ukaid et Amnesty International et oeuvre à faire valoir les droits des personnes défavorisées à travers la promotion et la protection de leurs droits. En s'investissant dans la province des Banwa, le Réseau entend jouer sa partition dans la promotion et la protection du droit à l'éducation des filles. Il compte à travers une stratégie de communication participative associer tous les acteurs impliqués dans l'éducation des filles à savoir les éducateurs, les parents, les élèves et les encadreurs et autorités pédagogiques. Comme axe prioritaire, le réseau entend réaliser informer et sensibiliser sur les enjeux de l'éducation des filles.
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Scène du théâtre forum de Bèna, 25 février 2012 |
Le deuxième axe privilégie la communication pour le changement de comportement à travers le théâtre forum ou théâtre participatif. L'objectif est de susciter le changement de comportement à travers les échanges et les débats participatifs entre les acteurs sociaux. Le but ultime est de parvenir à modifier le comportement des parents en leur apportant les informations et les connaissances utiles sur le droit à l'éducation des filles. L'éducation revêt une importance fondamentale pour la jeune fille, elle fait la différence dans la vie des êtres humains. Sans éducation, nous perdons une bonne partie de notre être et de notre existence: "l'éducation est la lumière qui éclaire notre vie" reconnaissent volontiers certains parents d'élèves.
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M. KONATE Jean André, DPBA des Banwa |
Grâce aux actions sur le terrain, la perception que les parents avaient sur l'éducation de leurs filles évolue sensiblement. L'éducation de la jeune fille qui était perçue comme un investissement à perte est désormais considérée comme un droit fondamental.Comme la pièce de théâtre, qui a été jouée à Bèna, Tansila et Balavé l'a si bien montré, l'éducation des filles est un droit et non un privilège. Les statistiques nous prouvent que lorsque les filles sont placées dans de bonnes conditions d'études et bénéficient du soutien de leurs parents, elles réussissent autant sinon mieux que les jeunes garçons.
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une mère lançant un cri de coeur pour la scolarisation des filles à Balavé |
Il faut donc combattre la discrimination et les pesanteurs sociales et culturelles qui confinent les filles à jouer le second rôle dans la société et les empêchent les de jouir de leur droit à l'éducation. Tous les enfants ont les mêmes droits sans distinction. Le sens de notre combat dans les Banwa, c'est amener les parents à lutter contre les facteurs endogènes et exogènes qui contraignent les filles à quitter prématurément les bancs de l'école pour garder les boeufs de leurs parents ou à s'adonner aux tâches ménagères quand elles ne sont purement et simplement données en mariage de façon précoce. Cet appel pour plus de justice et d'équité en faveur des filles a été compris par les communautés que nous avons ciblées dans les Banwa.
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Spectateurs de Balavé, 21 mars 2012 |
A Benà, à Tansila et à Balavé, les activités du réseau ont été largement suivies par un public sortis nombreux pour défendre le droit à l'éducation et à la scolarisation des filles. Cette forte mobilisation autour de l'éducation des filles nous encourage à poursuivre notre intervention auprès d'autres communautés de la localité. Plus les gens sont informés de leurs droits, mieux ils s'organisent pour les faire valoir. Notre vision, c'est de rendre autonome en droits humains les personnes défavorisées afin que par leurs propres actions ou initiatives, elles arrivent à défendre et à faire valoir leurs droits dans leurs propres communautés.
Moussa Ouédraogo, Coordonnateur
National du PEDHA Burkina Faso