30 juin 2011

Un Centre d'écoute pour mieux protéger les femmes contre les violences conjugales à Tanghin Dassouri

Le 18 juin 2011, l’Association Songtaaba des Femmes Unies et Développement (ASFUD) a procédé à la pose de la première pierre du Centre d’écoute et d’information pour les femmes victimes des violences conjugales à Tanghin Dassouri.

Cérémonie de la pose de la première
 pierre du Centre d'écoute des victimes
des violences conjugales de
 Tanghin Dassouri
Ce Centre est, de l’avis des nombreux intervenants, à la cérémonie de lancement de la seconde phase du projet de lutte contre les violences faites aux femmes en milieu rural, le bienvenu à Tanghin Dassouri, car il constitue le chaînon manquant dans le système de protection des droits de la femme dans la localité initié par ASFUD.

Selon sa Présidente, Mme Claire ROUAMBA, le Centre va apporter aux femmes de la localité les informations et les connaissances pratiques sur les droits humains. En plus, il permettra de conseiller et d’orienter les femmes victimes des violences conjugales vers les structures compétences pour la prise en charge médicale, sociale et juridique.

Mme Hélène Tassembedo,
Directrice générale de promotion
et de la protection de la Femme
C’est Mme TASSEMBEDO Hélène née OUEDRAOGO qui a procédé à la pose de la première pierre du Centre d’écoute et de conseil des femmes victimes des violences conjugales à Tanghin Dassouri. Mme TASSEMBEDO est la Directrice générale de la promotion et de la protection de la femme au Ministère de la promotion de la femme. Elle a représenté Mme la Ministre de la promotion de la femme à cette cérémonie. Elle a, dans son allocution, remercié les femmes de Songpelsé pour leur engagement quotidien dans la lutte contre les violences conjugales par le dialogue dans le foyer. C’est à travers de telles activités de sensibilisation que s’instaurent dans les foyers les valeurs familiales et sociales d’amour, de paix, de tolérance, de justice gage d’une société respectueuse des droits humains, a-t-elle conclu.

En rappel, c’est le Comité Allemand de la Prière des Femmes qui est le principal partenaire financier du projet de lutte contre les violences faites aux femmes en milieu rural dans les communes de Tanghin Dassouri et de Komki Ipala.

Mme Claire Rouamba, Présidente
 d'ASFUD lors de son adresse aux
populations
Pour Mme Claire ROUAMBA née OUEDRAOGO le projet accroîtra-par la valorisation des ressources humaines féminines en droits humains- les capacités des femmes leaders de Songpelsé à promouvoir et à protéger dans les communautés bénéficiaires, les droits des femmes. La méconnaissance des droits des femmes est une réalité criarde dans les ménages. Il faut donc s’atteler à la vulgarisation de ces droits à travers des sensibilisations de proximité dans les ménages.

Le Projet éducation aux droits humains en Afrique (PEDHA) initié par Amnesty International et Ukaid/DFID financent un micro projet d’information et de sensibilisation contre les violences conjugales dans huit (08) villages dans les communes rurales de Tanghin Dassouri et de Komki Ipala. La présence du Coordonnateur national du PEHDA/Burkina Faso à cette cérémonie a permis de jeter les bases d’une meilleure coordination entre les deux projets pour une meilleure protection des droits des femmes en milieu rural.



22 juin 2011

Lutte contre l'exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie: Sa Majesté le Mogho Naaba interpelle les leaders coutumiers

Le 09 juin 2011, le Haut-commissariat de la province du Passoré a abrité une importante cérémonie de lancement du message de Sa Majesté le Mogho Naaba contre les violences faites aux femmes et l'exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie.

Participants à la cérémonie
 de Yako le 09 juin 2011
La Commission Justice et Paix (CJP) de l’église épiscopale du Burkina et ses partenaires ont réuni les chefs coutumiers et les autorités administratives de la province du Passoré pour leur remettre un important message de Sa Majesté le Mogho Naaba Baongho dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes et l’exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie.


Le Haut-commissaire
du Passoré
Au cours des allocutions qui ont précédé la remise officielle du message de sa Majesté le Mogho Naaba aux autorités coutumières et administratives de la province, les intervenant-es ont particulièrement insisté sur les drames que vivent des milliers de femmes qui sont humiliées, vilipendées, violentées et chassées de leurs communautés à la suite des accusations de sorcellerie. Les statistiques en la matière sont alarmantes : plus de huit (800) femmes vivent séparées de leurs familles dans les centres d’accueil de Paspanga, Delwendé Yako et Tema-Bokin.

C’est une marche de sensibilisation de la Commission Justice et Paix (CJP) et des organisations de la société civile contre les violences et l’exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie qui a abouti le 06 mars 2010 au Discours de Sa Majesté le Mogho Naaba. L’Empereur des mossi a livré un important message dans lequel il a appelé tous les notables et populations sous son autorité à :
·    Mettre fin  à toutes les pratiques tendant à accuser d’autres personnes de pratiques occultes néfastes portant atteinte à la dignité de la personne humaine ;
·    Mettre fin à toutes les formes de violences et d’exclusion sociale à l’égard de toute personne et particulièrement des femmes ;
·    Développer toutes les initiatives appropriées pour une réintégration sociale des toutes les femmes exclues de leurs communautés et à porter aide et assistance à toute personne désirant entreprendre des démarches pour la réintégration de parents exclus de la société.

Pour Sa Majesté le Mogho Naaba, les violences et l’exclusion sociale des femmes sont des pratiques contraires aux valeurs de la chefferie coutumière et traditionnelle : " la chefferie traditionnelle et coutumière est contre toutes les pratiques culturelles et traditionnelles qui portent atteinte aux droits humains"


Le Mogho Naaba invite toute personne qui aurait quelque chose à reprocher à son prochain dans la communauté à recourir à la justice : "Toute personne accusée a le droit de se défendre et toute personne est réputée innocente jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie"


Remise officielle du message
de sa Majesté le Mogho Naaba
au Dima de Yako
Désormais, personne ne pourra s’appuyer sur les coutumes et les traditions pour chasser les femmes (généralement sans enfants, pauvres et marginalisées) de leurs communautés. Les chefs traditionnels qui sont sous l’autorité de Sa Majesté le Mogho Naaba ont l’obligation de s'opposer à toute exclusion sociale  des femmes accusées de sorcellerie dans les villages et cantons.


C'est le Chef de Bilbalgho qui a remis officiellement le message de sa Majesté le Mogho Naaba au Dima de Yako, le Naaba Sigri et au Haut-commissaire de la province du Passoré pour diffusion et application.


Afin de porter le message de sa Majesté le Mogho Naaba à la connaissance des populations et des leaders coutumiers pour son application dans les communautés, la Commission Justice et Paix (CJP) a entrepris une campagne de diffusion dans les provinces du Burkina Faso.


 Photo du CN du PEDHA et
du Chef de Tema-Bokin
L’étape du Passoré est extrêmement importante car cette province est considérée comme l’épicentre de l’exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie. Le Passoré détient le triste record des femmes accusées de sorcellerie et exclues de leurs communautés au regard des statistiques dressées par les centres d'accueil. 


C’est la raison pour laquelle la CJP a choisi de lancer le message du Mogho Naaba par la ville de Yako: 30.86% des 436 femmes du Centre Delwendé de Tanghin et 22% des 365 femmes du Centre d’accueil de Paspanga viennent de la province du Passoré. A celles-ci, s'ajoutent 09 femmes à la mission catholique de Yako et 53 autres au centre d'accueil de Tema-Bokin.


Selon M. François de Salle BADO, secrétaire générale de la CJP citant un auteur français : "On reconnaît l'humanité d'une société par sa capacités à protéger ses couches les plus défavorisées. Contre l'injustice, si je n'agis pas, je suis complice"


On ne viendra à bout des idées obscurantistes et discriminatoires à l'égard des femmes qu'en conjuguant nos efforts. Sa Majesté le Mogho Naaba a fait un grand pas en prenant cette importante décision d'interdire les pratiques traditionnelles et coutumières qui conduisent à l'exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie dans sa zone d'influence à savoir le Mogho (le plateau central mossi).


Il nous revient de travailler ensemble pour atteindre l'effectivité de cette décision dans les communautés qui sont sous l'autorité de Sa Majesté le Mogho Naaba.
Le Projet éducation aux droits humains en Afrique s'attèle à cela car nous avons déjà obtenu de Sa Majesté l'interdiction des pratiques du Siongo et du Zangogo à Boussé en mai 2010. Ce sont ces pratiques traditionnelles qui conduisent à l'exclusion sociale des femmes dans la communauté.

1 juin 2011

Bénéficiaires et acteurs du projet apprécient les changements qui s'opèrent dans les communautés

Dix huit mois après la réalisation des micro projets, quelques bénéficiaires et acteurs de ces projets livrent au JEDH leurs appréciations sur les changements qui s'opèrent dans ces communautés.


Asfud se battra toujours pour la cause des femmes


Mme ROUAMBA
Présidente d'ASFUD
Je suis Claire ROUAMBA de l'Association des Femmes Unies et Développement (ASFUD) basée à Songpelsé dans la Commune rurale de Tanghin Dassouri. Je suis porteur d'un micro projet d'information et de sensibilisation de 150 couples sur les violences conjugales dans huit (08) villages de Tanghin Dassouri et de Komki Ipala. Le micro projet a contribué à réduire les violences physiques et morales à l'égard des femmes. Lors de l'évaluation à mi-parcours, les bénéficiaires nous ont révélé que les femmes subissent de moins en moins de violence dans les foyers. Le traitement des hommes à leur égard a considérablement évolué. Maintenant, elles s'expriment en public sur les questions les concernant. Elles exercent des activités génératrices de revenus en vue de participer à la gestion des charges familiales. Nous avons le sentiment que nous avons été compris par les populations. Tous ces acquis sont le fruit de notre stratégie de sensibilisation de proximité dans les communautés. Nous échangeons directement avec les groupes cibles sur les voies et moyens de lutter contre les violences domestiques dans le strict respect des droits reconnus aux femmes.


Bâtir une société plus juste pour nos femmes
Le Chef de Boussé
Depuis que Amnesty International est venue à Boussé avec ce projet de sensibilisation sur l'exclusion sociale des vieilles femmes accusées de sorcellerie, nous sommes très contents car cela nous a permis de connaître les droits qui sont reconnus aux personnes âgées. Les personnes âgées ont droit à notre respect et à notre protection. Je remercie sa Majesté le Mogho Naaba qui nous a envoyé les émissaires pour sensibiliser les populations sur le phénomène de l'exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie. Cela va nous permettre d'expliquer aux populations pourquoi il faut abandonner les pratiques du 'Siongo' et du 'Zangogo' dans nos communautés. Les autres chefs des villages environnants qui ont assisté aux causeries débats tenus à Boussé ont convoqué des rencontres avec les populations dans leurs localités pour restituer les décisions que nous avons prises au sujet de l'abandon des pratiques qui portent atteintes à la dignité et aux droits des femmes.


 Un bel avenir pour nos enfants
Sidonie Ouédraogo
Je suis Sidonie OUEDRAOGO du MBEJUS (Mouvement Burkinabè pour l'Emergence de la Justice Sociale). J'interviens dans la région du Centre Sud avec un micro projet de prévention des violences faites aux enfants en milieu scolaire.Sur les changements qui sont intervenus dans les communautés, je pus vous assurer que les parents d'élèves nous ont remerciés pour avoir abordé ce sujet car ils ne savaient pas que les enfants pouvaient subir de telles violences à l'école dans le cadre de l'apprentissage. Les débats nous ont permis de comprendre que les enfants n'ont pas de cadre pour exprimer les violences qu'ils subissent en milieu scolaire. Le micro projet a permis de situer les responsabilités de chacun des acteurs de l'éducation et de chercher les solutions appropriées pour résoudre le problème des violences à l'école. Une école débarrassée de la peur et de la violence est l'assurance d'un bel avenir pour les enfants


Une école de formation pour moi
Le Chef de Goghin 
Je suis le chef de Goghin. Je suis doublement bénéficiaire des activités du micro projet d'ASFUD sur la lutte contre les violences conjugales. J'ai été consulté avant l'élaboration du micro projet puis j'ai bénéficié de la formation des VEDH (Volontaires en éducation aux droits humains). Je suis également animateur en droits humains à Goghin. Les résultats du micro projet dans ce villages sont encourageants dans la mesure où il a réussi à instaurer le dialogue entre les couples dans les ménages. Nous conseillons aux couples de se parler dans le foyer afin d'éviter les malentendus. De ce point de vue, on enregistrons de moins en moins de violence contre les femmes même si nous devons continuer nos efforts envers les jeunes couples. Je pense que notre message est bien compris par les populations car nous donnons des conseils qui les aident à vivre dans le ménage en tenant compte des droits de leurs femmes et de leurs enfants. Ces informations sont très utiles pour ces populations


Les violences nuisent à l’éducation des enfants
Bernadette SOBGO, comédienne
 Compagnie Athéna
Je suis actrice de théâtre à la Compagnie Athéna. J’ai joué le rôle de la mère de la fille violentée par sa maîtresse. Je dois avouer que les violences en milieu scolaire nuisent à l’éducation des enfants. Cela est contraire aux droits de l’enfant. Je crois que les populations comprennent mieux le langage du théâtre car  il est accessible à tous les membres de la communauté. Je suis très contente de la mobilisation et de la participation des acteurs de l’éducation à Manga. C’est encourageant pour nous et c’est la preuve vivante que notre message a été bien compris par les populations.

Rendons hommage à la femme

Son Excellence le Kassiri Naaba
Je voudrais à travers ce micro projet  rendre un hommage à toutes les femmes, à nos mamans, à nos épouses et à nos sœurs pour toutes les injustices, les violences et humiliations qu’elles vivent dans les foyers. Le sens de notre combat, c’est d’amener les populations à respecter la dignité et les droits de la femme.  Les gens ne savent pas que les femmes, les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées ont des droits. C’est pour cela qu’il faut poursuivre la sensibilisation pour amener les gens à respecter les plus faibles. Notre rôle c'est de veiller au respect des valeurs traditionnelles et coutumières dans le respect de la dignité humaine. C'est pourquoi nous souhaitons une évolution des pratiques coutumières pour être en phase avec les règles de droit et de justice sociale. 

Des formations instructives pour moi
Mme Boly Fatimata, Présidente de Dewral
Je suis satisfaite de ma participation à la mise en œuvre du micro projet de renforcement des capacités des femmes leaders de la région du nord sur le Code des personnes et de la famille. Cette formation m’a personnellement appris beaucoup de choses sur les droits liés au mariage, à la filiation et à la succession. Je mieux outillée maintenant et je pourrai conseiller mes frères et sœurs sur ces questions notamment les problèmes de filiation et de succession dans les communautés peul de la région du nord.



DJ Tiffis, Artisite musicien
Soutenons l'éducation des jeunes filles
J’ai soutenu ce micro projet parce que le problème des grossesses non désirées en milieu scolaire des filles nous concerne également. Nous avons des sœurs qui ont été victimes de ce problème. C’est pourquoi en tant qu'artiste, je me sens interpellé. Nous avons un message à faire passer auprès des jeunes dans la lutte contre les grossesses non désirées en milieu scolaire. Je pense que nos conseils seront suivis par nos jeunes frères et sœurs.