25 novembre 2010

Ko Abonkoa en exclusivité sur le JEDH


En mission de suivi des activités du micro projet de prévention des violences faites aux enfants en milieu scolaire dans la région des Cascades, le Coordonnateur national du Proojet Education aux Droits Humains en Afrique/ Burkina Faso a rencontré le 21 octobre 2010, l'activiste, Ko Abonkoa au Lycée Lompolo Koné de Banfora.

Le JEDH: Qui êtes vous?
Ko Abonkoa : Je suis Ko Abonkoa, membre du Groupe d'Etudes et Recherches sur la Démocratie et le Développement Economique et Social (GERDDES) dans la région des Hauts-Bassins, au Burkina Faso. Je suis éducateur aux droits humains et professeur au Lycée Molo Sanou de Bobo-Dioulasso.

Le JEDH: Quel est le titre de votre micro projet et quels en sont ses objectifs?
Ko Abonkoa : Je suis porteur d'un micro projet de prévention des violences faites aux enfants en milieu scolaire dans les régions des Hauts-Hassins et des Cascades dans le cadre du Projet Education aux Droits Humains en Afrique initié par Amnesty International.
Le micro projet a pour objectifs la sensibilisation et le renforcement des capacités des acteurs et partenaires de l'éducation (enseignants, élèves, parents d'élèves, responsables et encadreurs pédagogiques, chefs d'établissements...) sur les droits et devoirs des enfants en vue de lutter contre les violences faites aux enfants en milieu scolaire.

Le JEDH: Pourquoi avez-vous choisi de travailler sur les violences faites aux enfants en milieu scolaire?
Ko Abonkoa: Le choix de ce thème a été guidé par une consultation participative que nous avons réalisée dans le cadre du Projet éducation aux droits humains en Afrique/ Burkina Faso, en août 2009 auprès des acteurs et partenaires de l'éducation (élèves, enseignants, encadreurs et responsables pédagogiques, parents d'élèves et chefs d'établissement...). Tous ont de façon unanime reconnu les violences faites aux enfants comme étant un des facteurs explicatifs de la déperdition scolaire des enfants dans la région des Hauts-Bassins et des Cascades.
Le JEDH: Quel est l'ampleur des violences faites aux enfants en milieu scolaire dans ces deux régions?
Ko Abonkoa: Nous ne disposons pas de statistiques officielles sur la question, seulement les témoignages que nous avons reçus des partenaire et acteurs de l'éducation nous indiquent que de plus en plus la violence en milieu scolaire devient un phénomène récurrent qui nécessite que nous y apportons des solutions.

Le JEDH: Comment définissez-vous la violence contre les enfants en milieu scolaire?
Ko Abonkoa: La violence contre les enfants est tout acte de nature à provoquer une souffrance quelconque chez l'enfant. Cette souffrance peut-être d'ordre moral, physique ou psychologique. Les violences faites aux enfants sont multiples et multiformes. Elles existent entre les enfants et leurs encadreurs mais également entre les enfants eux-mêmes dans le cadre scolaire.

Le JEDH: Quel lien établissez-vous entre la violence contre les enfants et les droits de l'enfant?
Ko Abonkoa: La Convention des Nations Unies sur les droits de l'enfant qui a été adoptée le 20 novembre 1989 et ratifiée par le Burkina Faso le 23 Juillet 1990 reconnait les enfants comme des personnes à part entière dont les droits sont protégés. Une quelconque violation des droits de l'enfant est reprimée par la loi au niveau national, régional et international en raison de la vulnérabilité et de la fragilité physique et psychosociale de l'enfant.

Le JEDH: Quels sont les principaux droits qui sont reconnus aux enfants du monde entier?
Ko Abonkoa: La plupart des instruments juridiques reconnaissent à tout enfant sans distinction et discrimination aucune les droits suivants:
a) Droits civils : droit à la vie, droit à la sureté de sa personne ,droit à un nom dès sa naissance , droit à une famille , droit à une nationalité , droit d’être protégé contre les tortures et les mauvais traitements

b) Droits politiques : droit à la liberté d’expression sous réserve des restrictions prévues par la loi, droit à la liberté d’association et de réunion , droit à l’information sous réserve d’être protégé contre les dangers véhiculés dans les médias et internet .

c) Droits sociaux et culturels : droits à l’éducation , droit à la santé et à l’accès aux services médicaux , droit aux loisirs et au repos.
Le JEDH: Pourquoi des droits spécifiques à l’enfant ?
Ko Abonkoa: L’enfant a des droits protégés par la loi pour diverses raisons:
- L’enfant est un être dépendant (pour sa survie, son développement et son épanouissement, l’enfant a besoin de ses parents, de sa famille, de la société et de l’Etat)
- L’enfant est une personne à part entière même s’il ne suffit pas à lui-même.· L’enfant jouit des mêmes droits et libertés que les adultes et les personnes âgées.
- L’enfant jouit d’une personnalité juridique inviolable : « tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits et en dignité » Article 1er de la DUDH L’enfant est un être en devenir (pour sa croissance, l’enfant a besoin de la protection de ses parents, de sa famille, de la société et de l’Etat)
- L’enfant est un être fragile (pour sa sécurité, l’enfant a besoin d’une protection de ses parents, de sa famille, de la société et de l’Etat)

Le JEDH: Est-ce à dire que la loi ne reconnait que des droits à l'enfant? Qu'en est-il des devoirs de l'enfant?
Ko Abonkoa: Les différents droits de l’enfant visent à le protéger et à assurer son plein épanouissement. Si l’enfant a des droits, la loi lui attribue également des devoirs ou des obligations qui sont entre autres:
- Le respect de l’autorité de l’Etat
- Le respect de l’autorité parentale
- La protection des parents contre le déshonneur, le dénigrement, la honte, les bassesses…(les enfants doivent s’abstenir de porter atteinte à la réputation et à la dignité de leurs parents)
- Le devoir de reconnaissance envers les parents (les enfants doivent aider matériellement et financièrement leurs parents à leur vieillesse)
- Le respect des obligations scolaires (Assiduité à tous les cours, révisons des leçons et travaux personnels, devoir de participer aux différentes formes d’évaluation etc.…)
- Le respect des autres élèves et des droits de ceux-ci.- Le respect des biens publics et de l'autorité de l'Etat
- Le respect des aînés et des éducateurs (ce respect ne s’apparente pas à un assujettissement)Les manquements à ces devoirs impliquent des sanctions reconnues par les textes régissant les établissements d’enseignement. (les sanctions prévues doivent être conformes à la législation scolaire)
Le JEDH: Quelles sont les différentes formes de violation des droits des enfants en milieu scolaire ?
Ko Abonkoa: Il existe une bonne panoplie d'actes attentatoires aux droits de l'enfants dans la communauté scolaire. Nous pouvons citer en autres:
- Les mauvais traitements (bastonnades, coups et blessures…)
- Les injures dégradantes
- Le harcèlement sexuel
- Les expulsions et les punitions injustifiées ou arbitraires
- Les privatisations de nourritures et les travaux harassants à domicile
- Le non suivi par les parents du travail scolaire de l’enfant…
- Les bagarres et rixes des élèves dans les établissements.

Le JEDH: Comment comptez-vous lutter contre les violations des droits des enfants en milieu scolaire?
Ko Abonkoa: Nous pensons que nous viendrons à bout des violences contre les enfants en milieu scolaire avec le concours de tous les acteurs et partenaires par la sensibilisation et l'information sur les droits et devoirs des enfants.
- Informer et sensibiliser les enseignants, les personnels administratifs et les élèves sur les droits des enfants.- Informer et sensibiliser les parents sur leurs devoirs d’éducation et de protection de leurs enfants.
- Dénoncer toutes formes de violation des droits des enfants du milieu scolaire.- Requérir auprès des responsables d’établissement ou toutes autres autorités compétentes des sanctions contre ceux qui violent les droits des enfants- Plaider pour une insertion effective des droits et devoirs des enfants dans les curricula d’enseignement.
Le JEDH: Quel est votre mot de fin?
Ko Abonkoa: Je dis merci à tous les promoteurs du PEDHA car ce projet nous permet de mettre en avant la question des droits humains pour atteindre le bien être des enfants. Combien de personnes font du tort aux enfants par simple ignorance de leurs droits. C'est en combattant les causes profondes des violations des droits humains que ce projet trouve tout son fondement.
Le JEDH vous remercie

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