Lutte contre les violences faites aux femmes âgées, les chefs coutumiers s'engagent

Deux chefs coutumiers de sa Majesté le Mogho Naaba se sont engagés aux côtés d'Amnesty International pour l'éducation aux droits humains des populations. Ces deux chefs sont porteurs d'un micro projet de prévention des violences faites aux femmes et aux enfants dans quatre localités de la région du centre.

Les deux chefs se sont engagés dans une campagne de sensibilisation des familles contre les pratiques traditionnelles qui portent atteintes aux droits des femmes et des enfants comme l'excision, l'exclusion des femmes accusées de sorcellerie, la répudiation des filles-mères et des filles enceintes, les rites de veuvage, le sororat, le lévirat, les mariages forcés et précoces des filles ....qui sont autant de pratiques liées à l'observation des coutumes et préjudiciables aux droits des femmes et des enfants.

Pour son Excellence le Kassiri Naaba, nos traditions doivent évoluer pour être conformes aux droits humains:"Il y a dans nos traditions des valeurs que nous devons conserver et des pratiques que nous devons avoir le courage d'abandonner car préjudiciables aux droits humains"

Sur la question précise de l'exclusion sociale des femmes accusées de sorcellerie, les deux chefs coutumiers exigent le respect de la dignité des victimes qui sont souvent accusées à tort. La sorcellerie est un sujet qui suscitent des passions et des controverse dans les communautés car nul ne peut prouver son existence. Il n’y a pas de preuves scientifiques ou juridiques de la sorcellerie. C'est une œuvre diabolique des charlatans qui exploitent la naïveté de certaines personnes en les mettant en conflit avec les siens. Les deux chefs coutumiers appellent les populations à s'abstenir de violenter, persécuter, torturer ou tuer des femmes pauvres et sans défense dans la communauté. Évitons de faire de ces femmes des proies faciles pour des gens sans scrupules.

Leurs excellences, le Kassiri et le Wemtinga Naaba sont montés au créneau pour dénoncer les lynchages à mort des femmes âgées accusées de mangeuses d'âmes contre qui les bourreaux n'ont aucune preuve: "pourquoi on accuse jamais la mère ou la sœur d'un chef de sorcière. Si la mère ou la sœur d'un chef n'est pas sorcière, c'est que les autres femmes ne sont pas sorcières. J'ai moi même accueilli dans mon village une jeune femme qui a été accusée de sorcellerie parce qu'elle a refusé de se remarier à un frère de son défunt mari. Pour cela, elle a été accusée de sorcellerie et chassée de son village. Je l'ai prise chez moi jusqu'à ce son fils qui vit à l'étranger revienne la récupérer"