2 mai 2011

Les participants au projet éducation aux droits humains en Afrique se rencontrent en terre africaine de Lomé

 Le JEDH revient sur les grands moments de la rencontre régionale des participants au Projet éducation aux droits humains en Afrique.

Du 14 au 18 mars 2011, une centaine de participant-es au projet éducation aux droits humains en Afrique (PEDHA) se sont donné rendez-vous à Lomé, en terre africaine du Togo, pour faire le bilan des réalisations des micro-projets dans leurs pays respectifs.
A cette importante rencontre, il s'agissait pour les participant-es venu-es du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte-d'Ivoire, du Ghana, du Kenya, du Mali, du Sénégal, de l'Ouganda, de la Sierra-Léone et du Togo de partager les expériences et bonnes pratiques qui ont conduit aux succès des micro-projets dans les communautés ciblées. Cinq jours durant, les activistes, les coordonnateurs nationaux et les représentants du secrétariat international d'Amnesty International ont échangé sur les avancées significatives, les difficultés rencontrées, les défis relevés et les perspectives pour l'avenir.

1. Bilan globalement satisfaisant des micro projets
La satisfaction est le sentiment général qui a prédominé au cours de cette importante rencontre. Les premiers résultats des micro-projets sont très encourageants. A titre d'exemple, au Sénégal, un micro-projet a abouti à une condamnation de justice d'un homme qui a violé une fillette de 12 ans. Au Bénin, un micro-projet a réussi à transformer des élèves d'une école primaire en pairs éducateurs sur les droits de l'enfant. Au Ghana, des élèves qui avaient été chassés dans une école de la région du nord sont revenus en classe et ont réussi leurs examens scolaires. En Sierra-Léone, le plaidoyer et la mobilisation des parents a permis la construction de la première école publique du village d'Akabado. Au Burkina Faso, trois femmes accusées de sorcellerie ont eu la vie sauve à Boussé grâce aux chefs coutumiers. Deux filles précédemment chassées de leurs familles à Tanghin Dassouri ont été réadmises après intervention des chefs et notables de la localité. En Côte d'Ivoire la médiation d'un activiste aurait contribué à l'apaisement des tensions entre deux communautés aux lendemains es élections présidentielles de novembre 2010. Au Togo, la mise en œuvre d'un micro projet a conduit à l'amélioration des conditions de vie des filles domestiques et de l'inscription de quelques unes d'entre elles à l'école. Au Mali, la création d’un centre d’écoute par un micro projet a permis la prise en charge des femmes victimes de violences. Au Kenya, le réseautage communautaire et le théâtre participatif accroissent la prise de conscience des populations sur l’épineuse question des violences politiques.

2.La visite aux populations de Keta Zalive et Keta Assoukoupe
Après trois jours d’intenses travaux, les participant-es et les officiels d’Amnesty International se sont rendu-es à keta Zalive et Keta Assoukope, deux localités situées à une cinquantaine de kilomètres au sud de Lomé, pour suivre une séance de sensibilisation sur les droits successoraux et le mariage civil. Le Club des mères de la Croix rouge togolaise ont accueilli les participant-es au son de l'hymne de la Croix rouge. Elles ont joué un sketch d'une dizaine de minutes pour planter le décor avant d'introduire le thème de leur micro-projet suivi de la causerie-débats.

La cérémonie a été présidée par le Chef du village et sa suite. Elle a été riche en enseignements au regard de la participation et de la mobilisation des membres des deux villages. Les discussions ont porté sur l’importance du mariage civil dans la jouissance des droits successoraux. Le Code de la famille du Togo prévoit qu’en cas de décès du mari, les ¾ de l’héritage reviennent à ses enfants et le ¼ restant à sa femme. En participant à cette activité, les représentant-es du partenaire du projet et les membres d’Amnesty International venu-es de Londres, Kampala et Dakar ont pu mesurer l’engouement des populations dans la quête de leurs droits.

3. Arrêt sur la participation du Burkina Faso
A l’instar des autres délégations, celle du Burkina Faso, forte de sept membres, a partagé avec les autres participant-es les expériences et bonnes pratiques qui ont conduit au succès de ses micro projets. Il faut souligner qu'au niveau du Burkina Faso, on estime à plus de 216 le nombre des personnes ressources qui ont bénéficié du renforcement des capacités en droits humains et à plus de 16265, le nombre de personnes qui ont amélioré leur niveau de connaissance et de compréhension des droits humains dans les communautés. Au Burkina Faso, on se réjouit de la pertinence et de l'efficacité des micro-projets dans le changement des comportements des populations.

En dépit du contexte marqué par la pauvreté et l'ignorance, exacerbé par le poids des traditions et coutumes, nous avons réussi à amener les communautés à s’intéresser à leurs droits. Il n’y a pas de développement sans respect des droits humains et la lutte contre les inégalités sociales. Notre force réside dans la capitalisation des expériences de notre travail en matière en matière d'éducation des droits humains. Nous avons relevé le défi du présent projet en travaillant en étroite collaboration avec les personnes influentes, les personnes ressources, les leaders d’opinion, les leaders communautaires, les relais sociaux dans les différentes communautés. C’est cette approche participative qui nous permet de glaner les succès significatifs dans la mise en œuvre des micro projets.

     4. Le Marché EDH
Dans l'après-midi du 18 mars 2011, les participants ont exposé les différents matériels produits localement. Ces échanges ont permis de découvrir la richesse et la diversité de ces matériels spécialement conçus pour sensibiliser et accroître la 
compréhension des populations sur leurs droits. 
 A ces matériels, d'autres exposant-es ont apporté des produits culturels de leurs pays (habits, bijoux, mets, instruments de musique...). Des liens de solidarité, d'amitié et de fraternité se sont tissés entre les participants au projet EDH Afrique. De telles initiatives sont à encourager pour permettre une intégration et une synergie d'action des défenseur-es des droits humains en Afrique.

5. Quel avenir pour le PEDHA après septembre 2012 ?
Les discussions de Lomé se sont focalisées sur l'avenir du PEDHA. Qu'adviendra-t-il de ce projet à l'orée de septembre 2012? Au regard des résultats à mi-parcours et l'impact que suscité auprès des populations, nous nous sommes donnés le temps de réfléchir à l'après septembre 2012 pour voir concrètement ce que nous pourrons faire pour consolider les acquis dans les communautés bénéficiaires. Que pouvons-nous faire de plus pour accroître le niveau de connaissance et de compréhension des populations sur leurs droits? Que pouvons-nous faire pour aider les populations à se servir des droits humains pour améliorer leurs conditions de vie?

Nous avons suscité des espoirs tellement immenses dans les communautés que nous ne pouvions pas nous arrêter en si bon chemin. Les réflexions sur le devenir du projet se poursuivent et vos contributions sont les bienvenues. Si le projet venait à être renouvelé, de mon humble point de vue, il nous faudra travailler à une véritable autonomisation en droits humains des bénéficiaires par le transfert des connaissances, des compétences et des ressources afin de faire des cibles des vrais acteurs de leurs droits. Faire en sorte que les communautés, par leurs propres actions, arrivent à exiger le respect de leurs droits. Si nous parvenons à cette fin, nous aurons accompli notre mission. Cela est possible dans une Afrique en pleine mutation.


Des propositions concrètes ont été faites par les différents pays allant de la reconduction du projet avec les mêmes acteurs, les mêmes cibles et les mêmes approches. Pour les tenants de cette piste, il faut travailler dans la durée pour consolider les acquis dans les communautés. D'autres ont plutôt suggéré de tenir compte des échecs et des succès du présent projet en se donnant de nouvelles orientations pour plus d'efficacité dans les communautés. Pour ces derniers, il faut poursuivre le partenariat stratégique avec les organisations communautaires après septembre 2012. Cela reviendrait à revoir le choix des organisations de mise en œuvre des micro projets pour les confier à celles qui ont le plus d’expériences, de ressources et de compétences pour gérer ce genre de projet.
Il faudrait revoir également les micro-projets pour les rendre plus spécifiques et orientés vers les droits économiques, sociaux et culturels. Il nous faut éviter de disperser les ressources et les énergies en intervenant sur plusieurs sujets à la fois. Nous serons plus efficaces si toutes les synergies et ressources sont déployées vers un seul et même objectif qui serait, à mon sens, la réduction de la pauvreté par la lutte contre les inégalités sociales et l’accès des couches sociales les plus défavorisées aux droits sociaux et économiques.

Nous avons remarqué que l'émancipation économique des femmes a une incidence sur leur niveau de pauvreté. Dans les zones agro-sylvio-pastorales, l'accès des femmes aux micro-crédits et aux moyens de production leur permet d'apporter une plus-value économique à la gestion des charges de la famille. Nous avons longuement discuté avec les hommes pour qu'ils comprennent que la liberté économique de la femme est un droit et non un privilège que l'on accorde à sa femme. Toute femme a le droit d'entreprendre et de jouir des fruits de son entreprise. La peur de l'indépendance économique des femmes amène certains hommes à leur refuser d'exercer des activités génératrices de revenus. La réduction de la pauvreté passe inéluctablement par le respect des droits sociaux et économiques de tous les acteurs sociaux sans discrimination aucune.

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